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Les BBM, jour après jour
19 octobre 2009

Etre mère ... ou pas.

J'ai une collègue au boulot que j'aime bien. 30 ans, jeune mariée, nouvelle propriétaire d'une belle maison, pepsy, sexy, speedy et marrante comme tout. Elle me dit depuis toujours qu'elle ne veut pas d'enfant et qu'elle doit sans doute me choquer en disant cela car avec ma marmaille, ça doit être incompréhensible pour moi.

Pas du tout.

C'est justement parce que j'ai des enfants que je peux tout à fait comprendre qu'on puisse faire un autre choix. Je sais le bonheur d'avoir des enfants, je sais aussi combien tout à coup un poids énorme de responsabilités m'est tombé dessus, combien je me suis tellement sentie investie de cette mission si périlleuse d'élever au mieux ces enfants, combien la culpabilité, les interrogations, la crainte de mal faire ne me lâcheront plus avant longtemps, combien je tremble pour eux à chaque étape de leur vie. Je sais aussi que tel est mon destin et je n'aurai pas pu vivre sans enfants. Mais je peux comprendre que l'on ne souhaite pas investir autrement que sur soi-même. Que l'on veuille profiter de tout sans se sentir retenue au sol par des petites mains quémandeuses. Que l'on ne veuille pas d'un engagement aussi fort. Qu'on ne le sente pas.

Elle ne le sentait pas. Et elle est tombée enceinte. Son mari voulait un enfant. Elle, bof. L'idée faisait son chemin en attendant les examens. Mais l'oeuf était vide. Larmes. Culpabilité. Elle ne le voulait tellement pas que lui n'a pas voulu de son ventre. C'était peut-être vrai après tout. Je lui ai dit d'attendre. De ne pas céder à la pression. D'être sûre d'elle et de ses envies. Qu'être mère, ce n'était pas rien. Des mois plus tard, elle était de nouveau enceinte. Et heureuse.

Un lundi, elle m'a annoncé un garçon. Je suis sortie faire du shopping et je lui ai ramené un coq en métal. Elle collectionne les poules. Un coq me semblait de circonstance. Je suis arrivée à son bureau et je l'ai vu en larmes. Je lui ai tendu le coq en lui annonçant bien haut "Ton petit coq". Relarmes. Devant ma mine déconfite, les collègues m'ont fait un signe du genre "Rien de grave, laisse tomber".

Je l'ai croisée plus tard, toujours en larmes, à la photocopieuse. Elle voulait une fille. Elle avait décidé qu'elle aurait une fille. Alors un garçon. Elle n'était pas sûre de savoir faire avec lui. Et son zizi. Elle ne saurait jamais l'aimer. Elle ne pourrait pas l'aimer. C'est sûr. Un vrai drame. Son mari, excédé, lui a conseillé d'aller avorter. Ambiance. Elle m'a posé 1000 questions : à mon 2è fils, qu'est-ce-que j'ai pensé ? Et les filles c'est mieux hein ? Et les garçons, ça se bat toujours c'est ça ?

J'hésitai entre rires et désolation. Je ne suis pas psy. Ni même très empathique alors j'ai essayé de ne pas sourire de sa souffrance que je sentais vraie. Je lui ai dit qu'on ne pouvait pas tout contrôler. Qu'elle ne pouvait gérer son ventre comme son boulot. Qu'il fallait de temps en temps accepter d'avoir des surprises, de lâcher un peu du lest, et d'attendre pour voir. Et puis au 5è mois, on a toujours un coup de mou et on est à fleur de peau alors patience.  Elle a reniflé un grand coup, m'a remercié et est retournée à son bureau.

Elle accouche en février ... (à suivre)

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